Graham Robson

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Graham Robson : « Vous autres Français ne roulez pas tous en Gordini ou 205 GTI ? »
Entretien recueilli par Alain S.



Graham Robson, 66 ans, est l'auteur de la Bible sur les Cosworth : « Cosworth, The Search for Power » [Cosworth, la quête de la puissance], qui en est déjà à sa quatrième édition (Sparkford-Somerset, Haynes Publishing, 1999). Ce livre, qui a reçu dès sa première édition en 1990 le prix Pierre Dreyfus du meilleur livre de la presse automobile britannique, est disponible en France à la librairie du Palmier à Nîmes (http://www.editions-palmier.com/cosworth,fr,3,308.cfm). A l'occasion de notre visite à la concentration anglaise « National Day » rassemblant les 7000 membres du club des propriétaires de Ford de sport (RS owners Club) sur le circuit de Donington le 18 août 2002, Graham Robson a aimablement accepté de répondre en exclusivité à nos questions sur ses liens avec la marque Cosworth.

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1. Où et quand êtes-vous né ? Vos parents étaient-ils dans le monde de la mécanique ?

Je suis né à Leeds en Angleterre en 1936. Aucun membre de ma famille n'avait de lien avec le monde automobile, absolument pas. Mon père n'eut même pas de voiture avant mes douze ans.


2. Qu'est-ce qui vous a donné le goût pour la mécanique et pourquoi avez-vous souhaité devenir ingénieur automobile ?


Papa fut toujours passionné par la course de moto, il avait des motos rapides et puissantes. Nous avions l'habitude d'aller voir les courses de deux roues, spécialement sur l'Ile de Man.

A partir de là, j'ai progressivement été intéressé par les moteurs et par les voitures. Dès l'école, je voulais entrer dans l'industrie automobile. A cette époque, Jaguar remportait des victoires chez vous au Mans et j'ai décidé que je voulais travailler chez eux ! [en 1957, Jaguar remporta les 4 premières places aux 24 heures du Mans]

Après avoir étudié les sciences de l'ingénieur à Oxford, c'est ce que j'ai fait !


3. Quel fut votre premier contact avec Cosworth ?


Mon premier contact fut en réalité directement avec Keith Duckworth et Mike Costin [les deux fondateurs de Cosworth]. Au milieu des années 60, je travaillais pour la revue « Autocar », basée à Coventry [dans son livre, G. Robson parle de l'année 1965]. Une fois par mois, nous avions un club de la presse autour d'un dîner auquel étaient conviés de nombreux ingénieurs. Il ne s'agissait pas d'une société secrète, mais une règle non-écrite dans ces dîners était que chacun pouvait y parler de tout, mais que RIEN ne devait en transparaître à l'extérieur.

Keith et Mike avaient l'habitude d'assister à ces dîners-débats et dès cette époque, j'ai appris à bien les connaître.


4. Quand avez-vous rencontré pour la première fois Mike Costin et Keith Duckworth ? Aviez-vous une quelconque relation professionnelle avec eux ? Où en sont vos relations maintenant ?


Je viens de répondre partiellement, pour compléter, je vois toujours Keith et Mike, assez souvent, lors de réunions mondaines ou bien à l'occasion des points de presse importants de Cosworth auxquels ils continuent de participer. Ils sont toujours aussi amicaux et je crois qu'ils pensent que mon livre sur Cosworth a été une bonne action pour eux?


5. Vous avez écrit à ce jour pas moins de 115 livres [!], par exemple à propos de la Triumph TR, la Sunbeam Alpine, la Mini Cooper et les automobiles des années 70. Néanmoins, votre livre « Cosworth, The Search for Power », récompensé par le prix Pierre Dreyfus 1990 est LA bible sur Cosworth et un best-seller, puisque vous en êtes en outre à la quatrième édition. Est-ce votre livre préféré et pourquoi ?


C'est l'un de mes livres préférés, particulièrement à cause de la manière dont Cosworth m'a massivement aidé pour les remises à jour. Mais il y en a d'autres :

THE WORKS ESCORTS [les Escort d'usine], qui couvre toutes les Ford Escort de compétition et qui est aussi une bible

FORD IN TOURING CAR RACING [Ford dans les courses de voitures de tourisme], publié l'an dernier, là encore un best-seller et le seul livre à couvrir ce sujet

TRIUMPH, THE COMPLETE STORY [Triumph, l'histoire intégrale] (que j'ai co-écrit avec Richard Langworth), c'est encore un livre unique, qui n'a jamais été reproduit

A-to-Z OF WORKS RALLY CARS [les voitures d'usine de rallye, de A à Z], un autre ouvrage faisant autorité, encore un livre qui sert de source pour d'autres auteurs pillards?


6. Combien de voitures avez-vous possédé ? Et en ce moment ? Combien avez-vous eu de Cosworth ? Quelle fut votre voiture favorite dans cette série ?


Ma toute première automobile fut une voiture de sport MG TA, que j'avais achetée 375 £ en 1958. Ensuite je me suis laissé aller à acheter de petites berlines (y compris des Mini), puis des voitures pour le travail (notamment deux Ford Cortina Mk I GT). Lorsque j'ai commencé à écrire beaucoup sur les Ford, j'ai acheté des Capri, des Scorpio, des Sierra XR 4x4. Puis cela s'est poursuivi par une série de RS 200 (eh oui ! en version routière - en réalité, elles continuaient d'appartenir à Ford), des Sierra Cosworth 4x4 et des Escort Cosworth.

De toutes celles-ci, ma favorite fut la quatrième [!] RS 200 passée entre mes mains - elle était peinte en rouge Ferrari-Rosso, disposait de vitres électriques, de sièges confortables et d'une radio que je pouvais réellement entendre [G. Robson est mélomane !] et mon téléphone portable y était branché.

J'ai accompli 80 000 kilomètres à son volant en deux ans. J'ai été ravagé lorsque j'ai dû la rendre à Ford à la fin de 1990.

Ma femme a évolué d'une Fiesta 1300 S en 1979 à une Escort XR3, puis une XR3i, ensuite une Ford Escort Mk 2 RS Turbo et maintenant elle une Escort RS 2000 de 1994. Je lui ai déjà offert une Puma (qu'elle ne devrait pas avoir) et une Focus ST 170 (à laquelle elle est toujours en train de réfléchir').


7. Quelle est votre voiture de tous les jours actuellement ? Pourquoi ?


J'accomplis toujours un gros kilométrage professionnel chaque année (peut-être 40 000 kilomètres par an). Alors dans les dernières années j'ai été propriétaire de deux berlines BMW 328 et en ce moment j'ai une Jaguar type X 3.0 SE.

Du fait que je parcours un gros kilométrage annuel et comme les routes britanniques sont plus encombrées que les vôtres en France, j'ai besoin d'une voiture rapide, puissante, confortable, à quatre-cinq places. Pour rester dans la famille Ford, si vous voyez ce que je veux dire [Ford a racheté Jaguar], je roule donc dans une Jaguar type X 3.0 SE, qui dispose de 240 chevaux. La mienne est vraiment une version pépère - avec une boîte de vitesses automatique, un régulateur de vitesse, l'air conditionné etc. - mais elle est néanmoins dotée d'une boîte automatique à 5 vitesses et d'une transmission intégrale permanente (ce que beaucoup de gens oublient!) et elle peut rouler partout à 160 km/h et davantage si je pense pouvoir m'en tirer [G. Robson parle sur circuit, bien sûr, héhé']


8. Vous appartenez au RSOC [Club britannique des propriétaires de Ford de sport], qui compte 7000 membres. Quelle est votre contribution personnelle à ce club ?


En réalité, je suis membre honorifique du RSOC (j'ai la chance d'être ainsi membre honorifique d'un grand nombre de clubs), donc je ne suis pas un dirigeant, pas même membre du comité-directeur.

Si j'apporte une « contribution », c'est sous la forme d'une « caisse de résonance médiatique », ou pour dire autrement, un « point de référence », du fait que mon histoire et ma mémoire remontent à loin et du fait qu'ils m'ont choisi comme commentateur-présentateur du Rassemblement national annuel [National Day].


9. Quels sont vos loisirs en-dehors de la mécanique ?


N'oubliez pas que je suis toujours en activité, très occupé et que cela implique un travail de commentaire au moins 20 week-ends par an, donc je n'ai guère de temps libre.

J'ai une maison du XVIIIème siècle, qui nécessite beaucoup d'entretien, j'aime les bons repas et la musique classique, un bouledogue britannique (un authentique spécimen de la race « Winston Churchill ») que j'adore, tout cela m'occupe bien.

Et j'ai aussi une femme adorée'


10. Etes-vous déjà venu en France et que voudriez-vous dire à vos amis en France ?


Je viens en France à chaque fois que j'en ai la possibilité (depuis la région du Dorset, le trajet le plus évident passe par le ferry de Cherbourg) mais c'est habituellement pour une courte visite.

Si mon français était aussi bon que votre anglais, je viendrais plus souvent à des concentrations de voitures classiques, mais comme vous savez, nous autres Britanniques, nous sommes très paresseux pour les langues [alors que les Français, eux!].

Je suis très heureux d'apprendre que mes livres ont procuré du plaisir à des adeptes enthousiastes de Ford dans toute l'Europe — et je suis particulièrement heureux d'adresser mon salut à tous les Français possesseurs de Ford de sport ! J'espère que vous retirerez de ces autos autant de joie que moi et que les membres du RSOC au Royaume Uni.

[Et Graham Robson d'ajouter, hilare, hors-micro : c'est étonnant, je croyais que vous rouliez tous en Renault Gordini, en Alpine Renault ou en 205 GTI…]

Témoignage recueilli et traduit par Alain S., secrétaire du Club Ford Cosworth France, tous droits réservés ©.


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